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20 septembre 2011

Les manifestations contre la venue du pape à Londres

Comme en Espagne, des milliers de manifestants anglais leur avaient emboîté le pas en protestant contre la venue de Benoît XVI  à Londres le 18 septembre 2010. Retour sur les raisons de leurs colères il y a tout juste un an.



"C'est scandaleux, l'argent qu'on dépense pour ça"

A l'appel d'une coalition hétéroclite de défenseurs des droits des homosexuels, de l'ordination des femmes, ou encore de laïques protestants, des milliers de manifestants ont protesté contre le coût du déplacement de Benoit XVI (Près de 25 millions d'euros ) mais aussi contre ses positions sur l'homosexualité ou l'ordination des femmes. Deux à trois mille personnes selon la police, "jusqu'à dix mille" selon les organisateurs, étaient rassemblées vers 13h près de Hyde Park, où le souverain pontife présidera une veillée de prière en fin d'après-midi. "C'est scandaleux, l'argent qu'on dépense pour ça", tempêtait Adele MacDonald-Hewson, 62 ans, venue manifester en particulier pour les droits des femmes et contre l'interdiction des moyens contraceptifs par le Vatican.
Une londonienne de 36 ans, Tara Griffin, critique le fait que les contribuables britanniques aient dû payer pour la visite d'Etat : «pourquoi les catholiques ne paient-ils pas pour la visite du Pape, alors que l'on doit subir tant de coupes budgétaires en ce moment?»

Le pape persona non grata

"L'opposition du pape aux préservatifs tue", "Chef de la plus grande bande d'abuseurs d'enfants", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, qui étaient nombreux à porter de fausses mitres. Barbara Dorris, une Américaine, est venue dénoncer les sévices sexuels commis par des membres du clergé. "Le pape n'arrête pas de demander pardon mais il n'agit pas", a-t-elle déclaré, brandissant une photo d'elle, en communiante à l'âge de sept ans, quand elle a été maltraitée par un prêtre.
La visite du Pape au Royaume-Uni n'était pas du goût de tous les Britanniques. Plusieurs milliers de manifestants, dont beaucoup coiffés de «mitres» roses ou portant des préservatifs gonflés comme des ballons, ont ainsi défilé samedi dans le centre de Londres contre Benoît XVI et les positions «rétrogrades» du Vatican. Avec des panneaux proclamant «le Pape est le patron du plus grand gang de pédophiles» ou «arrêtez le pape», les manifestants ont marché en un long cortège de Hyde Park à Downing Street, la résidence du Premier ministre.
«Pope go home» («Pape, rentre chez toi») et «Honte au Pape» ont scandé des contestaires.
«Nous voulons envoyer au Pape le message que beaucoup de Britanniques sont en désaccord avec tout ou partie son enseignement, sur les droits des femmes, les homosexuels ou l'usage du préservatif», explique Peter Tatchell, militant de la cause homosexuelle en tête du cortège.
Et «nous voulons aussi que le gouvernement britannique se démarque de ces vues intolérantes», souligne-t-il quelques heures après une rencontre du souverain pontife et du Premier ministre, David Cameron.
«Je pense que le gouvernement a eu tort de l'inviter, je ne le considère pas comme un chef d'Etat», proteste Mark Stanley, qui est surtout opposé aux vues du Pape contre les homosexuels. Les activistes gays et lesbiennes sont nombreux dans le cortège bruyant et coloré, aux côtés d'athéistes déclarés, d'humanistes, mais aussi de catholiques en désaccord avec les dogmes de l'Eglise.

«Nous voulons une Eglise plus tolérante» 
Pat Brown, porte-parole de l'organisation pour l'Ordination des femmes catholiques - condamnée comme «un crime contre la foi» par le Pape - estime ainsi que les règles actuelles de l’Église «éloignent beaucoup de gens de Dieu». «Nous voulons une Église plus tolérante, qui inclue les divorcés, les homosexuels, les femmes prêtres», explique-t-elle en faisant la grimace devant un panneau qui représente le Pape sous la forme d'un squelette en flammes.
Jason, un jeune-homme blond de 18 ans, est venu pour manifester contre le veto de l’Église à l'utilisation des préservatifs et distribue tracts et préservatifs à côté du cortège. «Des milliers de personnes meurent chaque jour parce que le Vatican interdit l'usage des préservatifs», proteste-t-il.
Les manifestants ne sont pas amadoués par le qualificatif d'«innommable» utilisé par le Pape pour dénoncer les abus des prêtres pédophiles, lors d'une messe en la cathédrale de Westminster, samedi matin. Barbara Dorris, venue de Saint Louis aux États-Unis, porte une bannière avec une photo d'elle âgée de dix ans lors de sa première communion. Elle dit avoir été la victime d'un prêtre pédophile. «Nous avons déjà entendu des excuses de la part du Pape, mais il n'a pris aucune mesure», dit-elle.
A mesure qu'ils progressaient, les manifestants ont croisé des catholiques se dirigeant vers Hyde Park pour assister à une veillée de prière autour du souverain pontife. Quelque 80.000 fidèles y sont attendus. Certains ont échangé des invectives.

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