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18 septembre 2011

Dérives religieuses en Turquie

Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan vient d'affirmer que "la Tunisie va prouver qu'islam et démocratie peuvent coexister, comme l'a fait la Turquie, (...) La Turquie, en tant que pays musulman à 99%, le fait très bien, nous n'avons aucune difficulté (...) Un musulman peut diriger avec succès un État laïque""-Agence Reuters.
Qu'en est-il en réalité ?


Sur son blog, Christian Brunier, pour La tribune de Genève, signale que " le régime islamique turc – que l’Europe trouve modéré tant les intérêts commerciaux sont importants avec ce pays – attribue la plupart des moyens financiers destinés à l’école aux institutions coraniques, qui débordent pourtant d’argent. Parallèlement, les écoles laïques n’ont même plus les moyens d’acheter du mazout pour chauffer les élèves durant l’hiver. Le partage est pourtant l’une des bases de la religion musulmane."

Deux poids, deux mesures !
De plus les atteintes manifestes à la liberté de la presse et à la liberté religieuse pour les minorités sont légions. Rappelons aussi les agressions perpétrées contre les arméniens, les Kurdes, des chrétiens, les meurtres (Trabzon, Malatya) restés impunis.

Cela fait beaucoup d'injustices pour un système étatico-religieux qui revendique le succès...

Annie Laurent, docteur en sciences politiques fait remarquer que "contrairement à une idée reçue chez les Européens (...) cet état réputé laïque n’est pas neutre sur le plan religieux. Atatürk, le fondateur de la République turque, n’a pas mis en place un système de séparation entre le temporel et le spirituel, même s’il s’affirmait lui-même incroyant et allait jusqu’à mépriser l’islam, religion qui, à ses yeux, bloquait toute marche vers le progrès. Réaliste, il savait qu’il ne pourrait pas d’un coup de baguette magique institutionnel éradiquer une religion à laquelle la majorité du peuple turc était attachée. Le kémalisme est une voie originale qui place la religion sous le contrôle de l’État, (...) L’État a donc la responsabilité exclusive de la gestion du culte. C’est lui qui décide de la construction et de l’entretien des mosquées et des écoles religieuses et en assure le financement ; c’est lui aussi qui nomme et rétribue les personnels chargés du culte et de la formation, lesquels ont donc le statut de fonctionnaires. Ces mesures s’appliquent également aux imams envoyés dans les pays où vivent des expatriés turcs, comme l’Allemagne et la France. Il faudrait aussi, en Europe, s’interroger sur la nature de cette « laïcité » où les sunnites relevant de l’ethnie turque détiennent le monopole des responsabilités politiques, tenant à l’écart les citoyens qui confessent d’autres religions (alévis, chrétiens de différentes dénominations, juifs) et appartiennent à d’autres ethnies (Arméniens, Kurdes).(...) Le système turc allie démocratie et islam mais il exclut le pluralisme, ce que ne voient pas ou dissimulent les élites européennes. Ce faisant, il se conforme à la doctrine classique de l’Islam qui réserve le pouvoir aux « vrais croyants » que sont les musulmans."
Quel succès la Turquie rencontre telle ?

En 2009 la pauvreté en Turquie s’est accrue par rapport à l’année précédente.
18,08% de la population turque (environ 12,7 millions de personnes) vit sous le « seuil de pauvreté » – c'est à dire l’incapacité à couvrir les dépenses alimentaires et non alimentaires – (contre 17,11% en 2008).
Enfin un sondage indique que 92 % des turcs interrogés se plaignent d’inégalités dans la distribution des revenus. Et 39 % des adultes (de plus de 18 ans) n'ont jamais travaillé puisque les femmes sont peu actives dans le marché de l'emploi... 
Il n'y a donc pas de quoi de vanter ce système !

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