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14 septembre 2011

Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour “blasphème” au Pakistan

La justice pakistanaise a estimé qu’Asia Bibi a diffamé le prophète Mahomet en défendant sa foi à des voisines musulmanes, selon le Figaro du 10 novembre 2010. Condamnée à la pendaison par un tribunal de Nankara, dans la province du Penjab, cette paysanne de 37 ans avait été maintenue en détention depuis plus d'un an pour "blasphème". Pourquoi une telle absurdité au Pakistan comme ailleurs?



Comme en Irak, les chrétiens du Pakistan souffrent de persécution. Asia Bibi, est chrétienne et mère de plusieurs enfants. Un jour de juin 2009, alors qu’elle travaille aux champs en compagnie d’autres femmes, un incident survient. Selon les correspondants du Telegraph au Pakistan, on demande à Asia d’aller chercher de l’eau mais quand celle-ci s’exécute, les autres femmes refusent de toucher au liquide qu’elles estiment «impur». S’ensuit une conversation animée autour de la religion. Alors qu’Asia est pressée par ses collègues «de renoncer à sa foi chrétienne et d’embrasser l’Islam», rapporte Christian Today, elle répond «avec ses mots à elle», précise le Pakistan Christian Post. Asia aurait alors fait l’erreur de risquer une comparaison entre Jésus et Mahomet. «Qu’a fait ce dernier pour les hommes quand Jésus s’est sacrifié pour les péchés des hommes ?», lance-t-elle en substance à ses contradictrices, selon Christian Today. Les versions des différents journaux rapportant l’affaire divergent quelque peu sur la suite des évènements. Quoi qu’il en soit, il semble qu’après cette discussion, Asia a été prise à partie par une foule agressive. Elle s'est alors réfugiée auprès de la police qui, sous la pression de la foule, s'este retournée contre elle en l’arrêtant pour blasphème.
Battue, insultée puis dénoncée au mollah du village, Asia Bibi n'échappera pas à la justice. Arrêtée, elle sera poursuivie aux termes du Code pénal pakistanais. En plus de la peine capitale, Asia Bibi a écopé d'une amende de 800 euros, soit l'équivalent de deux ans et demi de son salaire. Son mari et ses enfants, dont une fille handicapée, sont eux aussi poursuivis et doivent déménager tous les deux ou trois jours...
Asia se trouve actuellement seule dans une cellule, gardée à vue par deux gardes alors que deux caméras vidéo la filment 24 heures/24. En outre, la nourriture qui lui est fournie est rigoureusement contrôlée. Pour éviter tout risque d’empoisonnement, les denrées alimentaires lui sont fournies crues et elle a la possibilité de cuisiner par elle-même.
Une loi obscène

Au Pakistan, les lois antiblasphème qui existent servent surtout, d’après les associations chrétiennes, à persécuter leur communauté estimée à environ trois millions de personnes.
Il est malheureux tout de même, de voir qu'à notre époque, une femme qui, à un moment donné vivait tranquille et coulait des jours heureux avec sa famille dans un village entourée d'hommes et de femmes de confession musulmane, avec qui tout se passait bien se retrouve dans des geôles, ne pouvant plus voir son avocat, ni même ses filles, dont une est gravement handicapée, mais uniquement son mari qui vient de temps en temps lui donner du lait, des fruits, etc.
Emprisonnée, pour un verre d'eau et soit disant un blasphème, elle risque d'avoir pour châtiment la pendaison. C'est une loi obscène prise comme prétexte pour persécuter les autres communautés religieuses. Les minorités en sont souvent victimes.

«Le Pakistan a franchi une limite»


Aussitôt, plusieurs associations chrétiennes sont montées au créneau. Le Pakistan Christian Congress a demandé au président d’intervenir et appelle à l’abrogation des lois antiblasphème.
Une manifestation en faveur d’Asia Bibi s'est déroulée le 26 janvier dernier à Rome à l’initiative de la société civile italienne.
«Le Pakistan a franchi une limite», a réagi Andy Dipper, directeur exécutif de Release International, qui appelle à la libération d’Asia. D’après le Pakistan Christian, c’est en effet la première fois qu’une femme est condamnée à une telle peine pour ces faits.

Concernant Asia, son exécution a été renvoyée. Malgré de régulières pressions de la communauté internationale et de l'ONU, la loi sur blasphème a peu de chance d'être amendée sous peu par un gouvernement faible et mal aimé d'une opinion publique de plus en plus conservatrice, estiment les analystes. Après la condamnation de la chrétienne, le gouvernement avait un temps laissé entendre qu'il était favorable à un amendement.
Asia, indique Ashiq à Fides « est encore triste et préoccupée pour ses enfants. Je lui ai dit de s’en remettre à Dieu et que nous faisons tout notre possible pour obtenir sa libération. Je lui ai également parlé du fait que tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté au Pakistan prieront pour elle au cours de la Journée de la paix du 30 janvier ».

Selon la Masihi Foundation, qui s’occupe de l’assistance à la famille d’Asia, « la jeune femme jouit aujourd’hui d’une plus grande sécurité mais elle ne sera définitivement sauve que lorsqu’elle pourra quitter le pays ». La Fondation cherche à organiser la visite en prison des enfants d’Asia et se trouve dans l’attente des autorisations nécessaires.

La Masihi Foundation, qui s’occupe de la défense légale d’Asia Bibi et apprécie l’initiative italienne, a déclaré à Fides : « Le monde ne tourne pas rond si une pauvre femme, une manœuvre agricole, est mise à mort pour une banale discussion portant sur un verre d’eau. Ce qui s’est passé pour Asia Bibi continue à arriver à d’autres: nous devons nous unir et lutter contre toute forme d’extrémisme et de terrorisme. Nous cherchons à sauver ceux qui sont victimes de la loi sur le blasphème à cause de leur foi. Il est urgent de trouver des formes et des stratégies pour faire pression sur le gouvernement du Pakistan afin qu’il la retire et pour que ce qui est arrivé à Asia ne se produise plus envers d’autres innocents »

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